Monday, January 09, 2006

Premier Chapitre de Confus et Rare, roman en foramtion...

CHAPITRE I/
La complainte du lave vieux…

Houlà, j’ai les boulettes. J’suis mal.
J’ai comme une angoisse sans visage, vous savez, celle qui vous broie les côtes, juste pour le plaisir.
J’suis là à laver les fesses de cette petite vieille en me torturant les méninges. Cinq ans d’études supérieures d’art pour me retrouver lave-vieux.
Pourtant, je sais qu’j’y ai droit. J’l’ai toujours su. A quand remonte le jour de cette révélation ? J’étais tout gosse, 4/5 ans. J’sais plus trop. J’étais devant ma télé entre mes parents et mes huit frères et soeurs ; quand j’l’ai vu eux, superbes. Bordel !
Michel Serrault et Jeanne Moreau, dans la boîte en couleurs. Ah non. Nous, on n’avait qu’un vieux carton en noir et blanc.
J’l’ai vu et j’ai su. Su que j’y avais droit. Moi aussi. Demain ce sera moi, là, sous les feux de la rampe. Où elle est cette conne ! Et la boule au plafond ? Les robes à paillettes et les déluges de perles ? Non, là j’dérape.
J’imagine bien que je ne dois pas être le premier neuneu à être persuadé que l’on n’attend que lui. Mais, je vous assure, que j’ai un bel avenir devant moi.
Quand on n’a pas de fric, pas de connaissances, mais des étoiles dans la tête, de l’or dans le coeur et du vent dans les mains, qu’est-ce qu’on peut faire ? Réponse : lave-vieux !
Moi j’m’en fous. Mon futur job, c’est ange, et pas n’importe lequel.
A présent, j’ai un coeur à deux vitesses. Mon coeur d’homme perdu au creux des singes et mon coeur d’être vivant qui bat pour me faire rire.
Tous deux sont en corps à corps incessant, en coeur à coeur.
Le jour, je parais solide, posé, insensible peut-être. Le soir parfois, le coeur de l’homme s’affole et se fissure doucement, jusqu’à laisser perler une larme d’amour que la bouche du jour n’a pas su exprimer.
Il m’arrive de me réveiller en larmes, moi qui ne pleure jamais. D’un regard perdu, je recherche mes ailes. C’est pas l’heure! Merde, c’est vrai, il faut encore attendre...
Je rêve encore un peu de ces ailes qui, déployées, unissent la terre au ciel et caressent les étoiles. Mais attention, pas d’auréole. Trop lourde, trop chiante.
Il y a des nuits où mon coeur d’homme fait trembler mon âme et où le désespoir pourrait s’immiscer. J’interromps toujours mon sommeil un peu avant de sombrer. Trop de choses à faire encore. De responsabilités, mais aussi et surtout, de plaisirs. Oh oui, de plaisir à prendre encore, à partager la vie.
Croiser de nouvelles histoires, apprendre, échanger, partager un rayon de soleil ou simplement respirer le même air pour savourer la joie d’être là, ici, maintenant.
Qu’arrivera-t-il quand il faudra céder la place. Renoncer au prochain lever de soleil, à la prochaine ascension de la lune ?
Quitter ce coeur d’homme et ce coeur d’être vivant, dériver vers le néant d’un avenir inconnu. Quelles craintes avoir ? Pourquoi prévoir un cataclysme ?
J’aimerais partir par une belle journée parfumée, ou enveloppé par une chaude nuit d’été où les étoiles sillonnent le ciel pour s’éteindre à jamais.
Mais je partirai au hasard de la vie. Le temps, les lieux, les gens seront exactement ceux qui conviendront. Aujourd’hui, je suis là et heureux de goûter cette vie-ci. Quant à ma vie d’après….
Souvent, je suis sarcastique. Pas une seconde, je ne baisse la garde et joue sans cesse avec les mots. Je dis parfois des choses affreuses. J’ironise, je n’épargne rien ni personne. Mon seul souci est d’éviter la méchanceté. Je n’ai aucun désir de faire souffrir l’autre.
Je ne sais plus fonctionner autrement. J’aime ces rapports incertains. Ces phrases assassines qui sont plus simples que des mots doux. Je n’aime pas les tendresses sucrées.
Je regarde ma vieille pleurer sur sa solitude et je suis partagé entre colère et chagrin. J’vais la passer par la fenêtre, y’a plus que ça !
Jusqu’à aujourd’hui j’ai pris ma solitude pour ma meilleure amie. Elle a grandi avec moi. Chaque souffle, je l’ai partagé avec elle. Personne ne me connaît mieux. Moi qui prend grand soin de cultiver mon jardin, qui ne laisse entrevoir de ma vie que ce que je souhaite laisser à la postérité. Y’a rien à faire, ma solitude, elle, connaît chaque recoin de mon âme. J’ais toujours cru que jamais je ne voudrai unir ma solitude à une autre. L’idée seulement me faisait bondir. Aujourd’hui, je ne sais plus que penser.
Je ne voyais pas cette solitude comme une prison, un rempart à l’autre ou une carapace défensive. Elle me semblait très coulante, semblait me permettre d’aimer aussi parfois, mais là, secret défense !
Où est ma « solitude ultime alliée », celle qui est toujours présente. Celle que l’on doit apprivoiser et entretenir. Si l’on triche avec elle, c’est elle qui aura le dernier mot. Se sentir mal avec elle, laisser la moindre angoisse s’immiscer et elle peut vous briser en une fraction de seconde, comme on souffle sur un rayon de poussière. Elle est là plus que jamais, elle est là et elle gagne !
Non ! Je ne la laisserai pas faire ! Aujourd’hui, je suis sur mon brin d’herbe à regarder le ciel. De feuilles en feuilles, de pétales en écorces, le monde m’attend encore !
Je ne suis qu’un sourire insignifiant dans l’univers, mais dans mon âme j’ai les clefs du monde ; et dans mon sang celles de l’autre.
-Tu vas mourir, Bilou !
Oui, je “mourirai”. Demain, un jour, peut-être.
-Monte le son et vis plus vite !
Pourquoi plus vite. Mieux. Simplement.

Je mets mes bottes, mon chapeau à plumes et mon tee-shirt à paillettes.
Après-demain, je serai un ange, mais pour l’heure, il faut sortir Mamie.
Je crois qu’elle fait la tête. Elle ne veut pas me croire quand je lui dis que demain, Jeanne, c’est moi !

1 Comments:

Blogger hubert guillaud said...

Je me suis permis d'évoquer votre travail : http://leromanais.free.fr/?p=580

Hubert Guillaud
http://leromanais.free.fr

6:47 AM  

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